Une pièce de Jenny Briffa
Mise en scène et scénographie: Frédéric Andrau
avec Stéphane Piochaud et Laurence Bolé
NOTE DE L’AUTRICE
L’année passée a été particulière difficile et déstabilisante pour les Calédoniens.
Le vivre ensemble a été mis à rude épreuve entre la crise sanitaire qui a scindé la société entre pro et anti-vaccin, et puis évidemment la question institutionnelle qui a débouché sur un troisième référendum clivant plus que jamais les Calédoniens, puisqu’une partie de la population ne s’est pas rendue aux urnes.
Dans ce contexte, je souhaite que ma pièce rende de nouveau palpable cette envie de vivre ensemble.
Comme mes deux textes précédents, Fin bien ensemble ! livrera un spectacle à la fois bienveillant mais sans concession ; il mêlera une analyse fine du fonctionnement de notre monde politique et de la société calédonienne tout en rappelant que les enjeux auxquels est confrontée notre archipel masquent en réalité des questionnements universels (colonisation, décolonisation, ressentiment, pardon, identité etc.).
Il me semble impérieux de nous rappeler (à nous Calédoniens) que notre histoire bien que singulière est aussi traversée par des problématiques qui touchent d’autres territoires et peuples. Il nous faut ouvrir la pensée.
Enfin, mon texte qui viendra clore le tryptique, sera aussi un hommage au peuple Calédonien dans toute sa diversité. Oui, nous pouvons être fiers du processus auquel nous prenons part depuis près de 40 ans.
Malgré les difficultés, nous cultivons la paix. La pièce soulignera que, chacun à notre niveau, nous relevons chaque jour ce défi passionnant et stimulant. Nous finissons par l’oublier car trop souvent, nos émotions ou les luttes politiciennes finissent par masquer cette incroyable aventure que nous vivions en Nouvelle-Calédonie. Mais oui, nous sommes « Fin bien ensemble ». Et ce quotidien que nous partageons nous engage à trouver ensemble des moyens de dépasser l’histoire coloniale pour construire un nouveau modèle de société qui créée des ponts entre nos civilisations.
Jenny Briffa
NOTE DU METTEUR EN SCÉNE
Le monde, ses différentes cultures, la politique, l’histoire, la maladroite traversée des humains à travers les siècles, ont toujours été au centre de ma curiosité, et donc de ma démarche artistique, de mes questionnements. Créer du lien, entre la grande histoire que l’on subit et une petite histoire plus intime, m’intéresse tout particulièrement.
La dernière fois que j’ai travaillé au centre culturel Tjibaou, c’était à distance pendant que nous étions confinés en métropole à cause d’un mystérieux virus. J’avais deux ordinateurs dans mon bureau en guise d’outil pour faire un travail à la table, communiquer avec Jenny Briffa et Stéphane Piochaud à propos de l’écriture, puis avec toute l’équipe au théâtre pour monter le spectacle à 20 000 kilomètres de là.
Ce fut une expérience pour le moins insolite et intense. Mais, après le virtuel, place au réel !
Tout comme Fin Mal Géré!, la mise en scène donnera toute son importance à l’échange, au doute, à la confrontation des idées et surtout servira une histoire qui fera écho à l’actualité avec de l’esprit et de l’humour.
Le sujet tournera autour du prochain référendum, de l’amour, des racines communes ou pas, de l’attachement…. Et je rappelle que Jenny Briffa manie l’art de la satire comme personne avec une brillance et une pertinence rare.
Ce spectacle permettra à tous de se rapprocher, d’être ému, de rire de ses convictions, pour prendre un peu de hauteur. Visiblement quelque chose ne tournera pas rond pendant la représentation puisqu’un couple, servi par deux virtuoses de la scène, tentera de vivre Fin Bien Ensemble sans, vous le devinerez facilement, partager les mêmes convictions, les mêmes origines, voire les mêmes goûts !
J’aime que les acteurs, pour raconter leur histoire, soient ces magiciens de l’imaginaire qui font apparaître des personnages, des lieux, des moments, des situations, des objets, avec l’aide d’un élément scénographique simple qui puisse évoluer comme un personnage peut le faire. À deux ils pourront ainsi évoquer un marché, une cour d’école, un parc, une cuisine, un lit, un lagon du côté de la faille aux requins, une rue, l’intérieur d’un avion…
La lumière et le son nous aideront à créer ces tableaux, à basculer d’un point de vue à l’autre, à voyager dans le temps peut être, à créer des passerelles oniriques…
Usons des conventions, puis cassons les comme des enfants, en nous appuyant sur deux comédiens capables d’humilité et d’extravagance, d’humour, de sincérité, sachant danser, jouer, chanter, se mettre en danger : Stéphane Piochaud et Laurence Bolé !!!
Frédéric Andrau
un site Mine de prod